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L’absence de femmes dans les conseils d’administration

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Par Josée Dufour, Présidente des Elles de la construction

Depuis quelques semaines déjà, de nombreuses publications sur différents médias sociaux dénoncent l’absence de femmes au sein de conseils d’administration notamment en construction.

Publications qui ont vite fait d’enflammer les réseaux sociaux et soulever plusieurs réactions. La mission des Elles de la construction étant de promouvoir les droits et intérêts des femmes œuvrant dans les milieux de la construction, on m’a alors demandé pourquoi les Elles de la Construction n’avaient pas réagi promptement, et pour quelles raisons moi, en tant que Présidente du Conseil d’administration, je ne m’étais pas positionnée ouvertement plus vite sur la question.  Le fait est que nous ne voulions pas réagir trop affectivement face à la situation.

Objectivement, il est important de rappeler la situation des femmes à des postes à hautes responsabilités. Les femmes sont malheureusement moins nombreuses que les hommes. Beaucoup de nos membres peuvent témoigner qu’elles sont souvent la seule femme à la table des négociations.

Pourtant le gouvernement québécois a mis en place des mesures ces trente dernières années pour palier justement ce manque de parité. Nous ne pouvons pas ignorer la modification de la Loi R-20 et la création du Programme d’accès à l’égalité des femmes (PAEF) en 1995 et son objectif du 2% de femmes sur les chantiers. Cependant, en 2017 le constat est que les femmes ne représentaient que 1,91% [1]des travailleurs de la construction. Les femmes sont aussi des travailleuses qui ne restent pas dans l’industrie de la construction, les obligations familiales, conditions de travail et préjugés ayant souvent le dernier mot. Sans oublier la discrimination à l’embauche.

Néanmoins le tableau n’est pas complétement sombre, la situation évolue, ils sont de plus en plus nombreux les acteurs qui s’engagent dans ce changement. Les syndicats et associations patronales intègrent les femmes aux postes de directions générales. Par exemple, en 2017, l’APECQ nommait Rose Fierimonte en tant que présidente de son conseil d’administration, une première en 120 ans d’existence, devenant le premier conseil d’administration paritaire de l’industrie. Les femmes ne sont pas moins impliquées ou moins désireuses de siéger à des conseils d’administration. Mais le temps nous manque. En effet, entre mes 4 enfants et leurs activités parascolaires, ma participation à plusieurs comités professionnels dont un visant l’intégration des femmes au sein des chantiers, mes cours en tant que formatrice, l’assemblée générale des Elles, mes cours de perfectionnement pour la gestion quotidienne de mon entreprise en construction et ma mission d’examen de fin d’année, tout cela dans les deux dernières semaines seulement, il m’arrive de dormir aussi et de manquer de souffle parfois. Cette réalité, rejoint le quotidien de plusieurs femmes faisant partie ou non du milieu de la construction.  Dans ce contexte les femmes doivent faire des choix prioritaires, et le choix de se présenter à un poste en conseil d’administration est un engagement que beaucoup d’entre nous ne peuvent pas se permettre. À mon humble avis, il est faux de prétendre que les femmes sont peu ou pas impliquées. Avec moins de 3% de femmes dans l’industrie de la construction, il est plus difficile d’assurer une rotation sur les nombreux comités.  Les femmes ne peuvent être représentées partout. Nous n’avons tout simplement pas les effectifs nécessaires pour y être. Parfois elles y sont, mais pour des raisons personnelles elles ne peuvent poursuivre leur implication ou doivent la limiter à un seul comité à cause de leur charge de travail, aux horaires irréguliers et à la charge familiale.  Avec un plus grand nombre de femmes nous pourrons y arriver.

Cependant, celles qui peuvent s’impliquer, participent activement aux changements et aux efforts mis en place pour l’amélioration de notre milieu.  On ne les voit peut-être pas toujours dans tous les comités et tous les conseils d’administration, mais elles sont présentes et très actives.

Sans vouloir dire qu’il ne faut pas continuer à promouvoir la place des femmes et l’équité sur les conseils d’administration, nous devons demeurer critique et chercher à comprendre les raisons derrière certaines situations. Il y a encore beaucoup de chemin à faire avant d’atteindre une masse critique de femmes en construction, mais les efforts et les mécanismes sont en place afin de changer les choses.  Nous devons donc poursuivre les initiatives en ce sens. Cette affaire aura permis de révéler à quel point notre mission est primordiale, celle de de fournir aux femmes de la construction une communauté de soutien et de partage afin de les accompagner dans leurs carrières, et aussi d’aider les entreprises à intégrer ces femmes avec bienveillance. Il apparait également évident qu’une meilleure connaissance du milieu et des conditions de travail nous permettra, de poser les bonnes actions pour faire la différence et faire évoluer positivement les choses. Et c’est spécifiquement la raison de mon implication au sein des Elles de la construction.


[1] Source: Commission de la construction du Québec (2018), Les femmes dans la construction, Portrait statistique 2017

One thought on “L’absence de femmes dans les conseils d’administration

  1. 31 Dans la plupart des societes occidentales dotees de chartes interdisant la discrimination sur les attributs personnels, il est comprehensible de vouloir verifier si l’adoption de pratiques de conciliation travail-famille (ou toutes autres pratiques de gestion tant comptables que de marketing) a des effets sur la performance economique des firmes ; or, ces pratiques ne sont pas protegees par les lois et ne sont pas des principes ! Par contre, il peut etre problematique de chercher a savoir si la presence d’administratrices au sein des conseils d’administration influence la performance des firmes. En effet, si des chercheurs tentent de verifier les apports distinctifs des femmes membres de conseils d’administration sur le plan economique, ils remettent en question le principe moral et legal d’egalite et de similitude entre les hommes et les femmes ou, tout au moins, ils estiment que le principe legal d’egalite a besoin de mener a des incidences economiques positives, ou a tout le moins neutres, pour etre respecte.

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